La glocalisation du territoire : une vieille histoire
Quelques citations sur le Web:
Blaise Galland avance que: "les nouvelles technologies sont en mesure d'infléchir la courbe de l'urbanisation croissante, parce que, depuis qu'on a commencé à faire usage de l'électricité pour traiter les informations, les avantages économiques de la centralisation se sont évanouis. D'une logique de progression linéaire et centralisante, il semble que nous soyons en train de passer à une logique de décentralisation progressive (parce que les coûts d'infrastructures des grandes unités métropolitaines, ainsi que leurs coûts externes, seront moindres). Le territoire urbain de demain sera alors plus caractérisé par une "réseaupolisation" du monde,[…] sans centres ni périphéries, le centre étant partout, et la périphérie aussi."
Jérôme Bernard
Influence des TIC sur les comportements langagiers
Quand le "vrai" s'oppose au "réel"
"Avec les NTI, l’individu ne sera pas plus intelligent, n’aura pas plus de savoirs ni de mémoire qu’auparavant. Ce sont seulement les rapports spatio-temporels dans la constitution des mémoires et des savoirs qui sont modifiés. On ne passe pas à un stade ultérieur de l’Écrit. On est toujours dans l’écrit, mais son support privilégié est passé du papier à l’électricité."
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Pierre Blouin
Au-delà du discours idéaliste sur l'information
Postes, bibliothèques, nos bâtiments familiers deviendront des monuments historiques et touristiques. "Un nombre inouï d'activités urbaines liées à l'échange d'informations vont disparaitre de l'espace de la rue pour se retrouver dans le cyberspace", écrit Blaise Galland, chercheur à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Fini le facteur, la poste ne transportera plus que les paquets. Les universités pourraient se réduire à quelques amphis, les étudiants étant occupés à s'auto-éduquer devant leurs ordinateurs.
Je conforterai mon point de vue en reprenant cette phrase de Blaise Galland disant que:
" Les frontières du temps et de l’espace sont effectivement pulvérisées (au niveau planétaire) pour tout ce qui peut être digitalisé, transformé en bits, mais notre corps a des raisons qui sont inscrites, pour longtemps encore, dans un temps et un espace qui n’est pas celui de l’électricité ; ils ne sont pas électroniques, ils sont anthropologiques ".
Dans « De l'urbanisation à la glocalisation, l'impact des technologies de l'information et de la communication sur la vie et la forme urbaine », Blaise Galland apporte un éclairage intéressant. Le concept de « glocalisation » traduit ce nouveau processus de développement urbain par lequel « la ville se décharge de sa fonction de production, d'échange et de traitement de l'information en la déplaçant dans le cyberespace, tout en développant... de nouvelles formes d'organisation sociospatiales au niveau local et international ». L'auteur démontre par exemple comment l'usage de l'e-mail, fantasmé comme la communication de tous vers tous, d'un bout à l'autre de la planète, privilégie en fait des relations au plan local (par exemple, les étudiants d'une même école) ou au sein d'un groupe professionnel déjà constitué (collègues de travail). Cet aspect sociologique intéressant est malheureusement noyé dans un ensemble de lieux communs ou d'assertions non justifiées qui en dissimulent l'intérêt et l'originalité : « C'est donc la concentration et la conceptualisation territoriale qui voient leur rentabilité économique disparaître, hier dans les fils du téléphone, et de nos jours, de façon spectaculaire, dans les réseaux informatiques (et les téléphones portables) ».
Bulletin des bibliothèques de France, 1997
Si la glocalisation est une notion intimement liée à la discipline économique, certains n'hésitent pas à s'en approprier l'idée générale pour d'autres domaines d'étude, notamment celui des technologies de l'information. C'est le cas de Blaise Galland, qui évoque la " glocalisation " pour qualifier un nouveau processus d'appropriation de l'espace par les nouvelles technologies. Il donne ainsi une conception nouvelle et personnelle de la " glocalisation " comme étant " le processus double par lequel la ville se décharge de sa fonction de production, d'échange et de traitement de l'information en la déplaçant dans le cyberespace, tout en développant, conséquemment, de nouvelles formes d'organisations socio-spatiales au niveau local. " Le "glocal" semble ainsi être une échelle de raisonnement particulièrement bien adaptée aux réseaux immatériels.
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L'idée développée par Blaise Galland, qui consiste à identifier un double processus “ par lequel la ville se décharge de sa fonction de production, d'échange et de traitement de l'information en la déplaçant dans le cyberespace, tout en développant, conséquemment, de nouvelles formes d'organisations socio-spatiales au niveau local ” est séduisante et mérite une étude plus approfondie.
Philippe VIDAL
Voir aussi:
Cécile Hebrard, Université de la Méditerranée Aix-Marseille, 2000.
Jean-Luc Raymond, La glocalisation en question, 2006.
Lidia de Jesus Oliveira Loureiro da Silva, Universidad de Aveiro, Implicaçao cognitivas e sociais da globalização das redes e serviços telematicos, 2002.
Sandrine Basilico, Pour une sociologie des réseaux,
Serges Proulx, La virtualité pour penser le social,