Pourquoi aller à un "Café Géo"?

Publié le par Blaise Emmanuel

"Etre Genevois quand les frontières vacillent"
modérateur : Bernard Debarbieux
   

Les frontières du monde contemporain évoluent rapidement. Moins dans leur tracé, gelé par le droit international et une intangibilité contre laquelle peu d'Etats protestent encore, que dans leur fonction et leur pouvoir de régulation. En particulier en Europe, en particulier autour de Genève.
Les mobilités individuelles multiplient les besoins et les occasions de franchissement. Les stratégies des entreprises en relativisent l'importance. Les multiples formes de coopération entre Etats et entre collectivités locales et régionales transforment en partenaires transfrontaliers ceux qui pendant longtemps n'étaient que des voisins se regardant à peine par dessus les barrières douanières.
Dans quelle mesure cette profonde et rapide transformation du statut institutionnel des frontières et de leurs pratiques quodiennes influe sur nos identités individuelles et collectives ? Est-ce que la frontière est encore la ligne par laquelle nous pensons l'identité en-deçà et l'altérité au-delà ? Est-ce que les franchissements de frontières peuvent être des pratiques identitaires, qui contribuent à la construction identitaire de ceux qui s'y adonnent ?
Voici quelques questions qui seront posées lors de ce café géographique. Tous les témoignages et toutes les analyses sont les bienvenus, du moment qu'on propose de les discuter.

Exposition en lien avec le sujet : "FLUX, Regards par-dessus la frontière"


Pourquoi aller à un "Café Géo"?


Parce que vous pensez que le Tatar est un steak haché cru mélangé à un jaune d’oeuf, du ketchup et des p’tits cornichons.

Parce que vous pensez que les Moluques sont des sortes d’animaux invertébrés à corps mou comme l’escargot, l’huître ou le poulpe.

Parce que vous pensez que le Grand Nafoud est un mec qui fait la loi dans sa cité de Vaulx-en-Velin près de Lyon.

Parce que vous pensez que la Frolinat est une entreprise de déménagement et le Sentier Lumineux une boutique de luminaires du 2ème arrondissement.

Parce que vous pensez que le Soussou est forcément dans la popoche et que Machu Picchu est le p’tit copain de Pikachu.

Parce que vous pensez qu’Izmir est une marque de lessive, Kingston une marque de cigarettes et la Voïvodine des pastilles à sucer contre la toux.

Parce que vous pensez que le golfe du Saint-Laurent, c’est pas fait pour vous mais pour des sportifs qui portent du Lacoste.

Parce que vous pensez que le peuple bobo ne peut être que bourgeois-bohème.

Parce que vous pensez qu’Emilie-Romagne est une de vos anciennes copines de classe et Alice Springs une actrice de série B américaine.

Parce que vous pensez qu’Accra est un p’tit beignet à la morue et Anvers une station de métro.

Parce que vous pensez que Goa c’est assurément trance et psychedelic techno.

Parce que vous pensez qu’Ushuaia est un gel douche à la sève d’agave du Yucatan et la Mésopotamie une maladie honteuse.

Parce que vous pensez que Salvador est un chanteur octogénaire très tendance et Orlando le frère de Dalida.

Parce que vous pensez que le Somaliland se trouve entre Jardiland et Jouetland.

Parce que vous pensez que le Bénin est un truc sans importance.
Parce que le "pays des fromages qui puent" c’est bien mais ce qu’il y a autour, c’est pas mal non plus.

Parce que vous êtes nul en géographie (mais moins nul que vous ne pourriez le prétendre en lisant le navet de J.-J. Julaud, La géographie pour les nuls) et aussi mauvais en géopolitique et que vous en avez honte.

Parce que vous voulez changer tout ça, regardez le Dessous des cartes et allez vous cultiver au Café géo.

 

Mathieu Ponnard (article publié dans Les Inrockuptibles en janvier 2003)
Avec l’aimable autorisation de www.cafe-geo.net

Publié dans J'y étais...

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