De la marche et de la photographie
Frustré par mon handicap en ces magnifiques jours de neige je me rends compte du lien a priori insoupçonné entre ma pratique photographique et la marche à pied. Impossible de trouver l'inspiration en mode statique, comme si c'était le mouvement - mon propre mouvement - qui faisait surgir les sujets de l'espace qui m'environne. Cette réflexion me rappelle une citation d'Amélie Nothomb qui écrivait quelque part :
Le temps est une invention du mouvement.
Celui qui ne bouge pas ne voit pas le temps passer.
Ce n'est pas tout à fait ce que je cherche à dire, mais on s'en approche quelque part. Ce n'est pas que mon immobilisation momentanée ne me laisse pas entr'apercevoir l'écoulement du temps, parce qu'autour de moi les gens bougent et le soleil suit sa course, mais de ne pas être maître de mes déplacements fait que je n'ai plus cette liberté de "fouiner" par les sentiers et de laisser le monde se rêver à ma place. Seule la marche à pied me permet d'atteindre cet état d'inspiration où ce n'est pas moi qui "choisit un sujet" mais bien le sujet qui s'offre à moi au détour du chemin, chemin faisant, à l'improviste, comme un cadeau de la Nature.
Donc, l'autre jour, mon esprit de photographe démangeait mes sens, et, puisque je ne pouvais aller marcher dans la neige, j'ai voulu photographier le mouvement lui-même à travers la fenêtre de ma véranda, espérant capter le plissement du bambou sous le poids de la neige... mais je n'ai vu que les oiseaux bouger sous la neige tombante !